Le mouvement Slow Food est un mouvement international à but non lucratif fondé en 1989 par Carlo Petrini. Ce mouvement a pour but de contrer le phénomène des fast-foods, des plats préparés et de l’agriculture industrielle, en encourageant les citoyens à prendre conscience de l’importance du goût et de la provenance de notre nourriture, tout en respectant l’environnement.
Slow Food encourage donc à consommer des aliments provenant de l’agriculture locale, afin de se réapproprier les plaisirs de bien manger. Le mouvement affirme que « nous avons tous un droit fondamental au plaisir d’une nourriture de qualité, et par conséquent le devoir de protéger l’héritage de produits, de traditions et de cultures qui rendent ce plaisir possible »
Qui est Carlo Petrini ?
Carlo Petrini est un critique gastronomique italien, né en 1949 à Bra.
En tant que critique culinaire, Carlo Petrini refusait de voir venir la malbouffe dans le monde. De plus, il a vite réalisé que parler de gastronomie et de bonne recette devenait dérisoire, lorsque chaque jour des variétés de fruits et légumes pouvait disparaître. Il a alors créé le mouvement Slow Food pour réapprendre aux gens à mieux consommer, mais aussi pour sauvegarder la diversité des cuisines à travers le monde.
En 2010, de par ses nombreux projets et initiatives ; il a gagné le prix du citoyen européen.
Si on devait résumer en quelques mots la pensée et la philosophie de Carlo Petrini on utiliserait la phrase suivante : ” Le droit à la qualité doit être le même pour tous “.
L’histoire de Slow Food
Au début des années 80, Carlo Petrini et ses collègues de la société gastronomique italienne, portent un nouveau regard sur l’alimentation, la gastronomie et l’agriculture. En parallèle, en 1986, la chaîne de restauration McDonald’s s’apprête à s’implanter sur la Piazzo di Spagna, un site historique de Rome.
Le groupe fondé par Carlo Petrini et ses collègues, s’indignant devant l’avancée de la malbouffe en Italie, fixent alors les bases du mouvement Slow Food. C’est en 1989 qu’ils se réunissent à l’Opéra comique de Paris, avec des intellectuels et des amoureux du goût. Ils décident alors de fonder un mouvement international « d’oeno-gastronomes » et ils adoptent le « Manifeste Slow Food pour le goût et la biodiversité ».
Le logo du mouvement représente un escargot. Symbole de lenteur, l’escargot renforce la pensée du fondateur, selon laquelle il faut prendre le temps de bien choisir ses aliments, de bien les cuisiner et de les savourer en bonne compagnie
Les 3 principes de Slow Food
Le mouvement Slow Food souhaite redonner sa place à l’alimentation dans la société, en :
- Protégeant la biodiversité, la nature et l’environnement
- Respectant les producteurs avec un juste prix pour la rémunération de leur travail
- Valorisant les produits locaux, les saveurs et traditions locales provenant de chaque culture et terroir
Les valeurs de Slow Food
Le mouvement se repose sur 3 valeurs fondamentales :
- BON. Les aliments doivent être bons. Un aliment ayant une bonne saveur est le fruit du choix des ingrédients, de la compétence des producteurs et enfin des méthodes de production.
- PROPRE. On doit respecter l’environnement. Une grande importance est donc accordée aux méthodes de cultures et d’élevages. Chaque étape de production doit protéger l’écosystème et la biodiversité, afin de sauvegarder la santé du consommateur et du producteur.
- JUSTE. Les conditions de travail de l’homme ainsi que ses droits doivent être respectés.
Une alimentation bonne, propre est juste est l’assurance d’un avenir meilleur.
Le fonctionnement de Slow Food à l’international et en France
Le mouvement Slow Food est présent dans plus de 160 pays. L’Italie, lieu où le mouvement s’est fondé, est l’épicentre du phénomène. Le siège social du mouvement international se trouve, dans la ville de Bra, au cœur du Piedmont Italien. Les membres du mouvement Slow Food sont répartis au niveau local et constituent des conviviums (ou condotte en Italie). Il existe environ 1 000 conviviums dans le monde. Le mot convivium s’inspire du mot « convivialité » et signifie vivre ensemble.
Les conviviums organisent leurs propres événements, activités (dégustations, repas, visites d’artisans de l’alimentation ou de fermes, ateliers de formation au goût, conférences…). La philosophie Slow Food se développe notamment à travers ces événements. En France, on recense 31 conviviums.
Les projets Slow Food
Slow Food œuvre pour protéger la biodiversité alimentaire et tisser des liens entre les producteurs et les consommateurs. Pour cela, des activités communautaires, des campagnes et des événements sont coordonnées par les bureaux nationaux et le siège international situé en Italie.
Ces initiatives vont des activités communautaires organisées par des conviviums locaux à des projets plus larges, des campagnes (en septembre, la campagne Slow Food sur le climat a été lancée) et des événements coordonnés par les bureaux nationaux et le siège international de Slow Food.
Slow Food souhaite que les consommateurs soient informés et conscients de l’impact de leurs choix, afin de devenir coproducteurs d’un nouveau modèle agricole moins intensif et plus respectueux, mais aussi produisant des aliments bons, propres et justes
Slow Food défend alors 4 projets internationaux divers, au niveau local, par les actions et la participation active des conviviums :
Les Sentinelles
Le projet des sentinelles a été lancé en 1999. Il a pour but de favoriser les produits artisanaux de qualité et réalisés selon les pratiques traditionnelles.
Ce projet repose sur les 3 principes suivants :
- Un rapport direct avec les producteurs
- Un partage de la philosophie et des valeurs de Slow Food
- La volonté de développer le projet en travaillant collectivement
Aujourd’hui, il existe 500 sentinelles dans plus de 60 pays. En France, nous avons 24 Sentinelles Slow Food.
L’Arche du Goût
Créé en 1996, il s’agit d’un catalogue en ligne. Il regroupe les aliments de qualité qui sont oubliés ou en voie de disparition.
Le but de ce catalogue est de recenser les aliments avant qu’ils ne disparaissent (races animales, produits alimentaires artisanaux, espèces végétales…). Il s’étoffe jour après jour grâce aux alertes d’individus qui voient des saveurs de leur enfance disparaître, emportant avec elles un morceau de leur culture et de leur histoire.
En France, nous avons 289 produits de l’Arche du goût.
L’Alliance des Cuisiniers
Il s’agit d’un réseau de chefs qui utilisent les produits de l’Arche du goût et des Sentinelles. De plus, ils cuisinent également des produits locaux qui sont « bons, propres et justes ». Ils échangent régulièrement avec les petits producteurs.
Tous les restaurateurs peuvent rejoindre ce projet, tant qu’ils sont intéressés par celui-ci. En France, il y a 32 membres de l’alliances des cuisiniers.
10000 Jardins pour la biodiversité en Afrique
En Afrique, Slow Food promeut une agriculture capable de nourrir la population, tout en respectant le territoire, et la biodiversité des cultures locales
Dans les 10 000 jardins Slow Food on retrouve alors :
- Des variétés d’herbes culinaires et médicinales, des variétés de fruits et légumes locaux.
- Des pépinières pour reproduire les semences et éviter d’en racheter chaque année. De plus cela préserve la biodiversité
- Un compost pour les engrais, à base de déchets verts, fumier et cendres. Ce système permet d’économiser de l’argent mais également d’éviter d’utiliser des engrais chimiques nocifs pour les sols.
- L’eau de pluie est récupérée.
- Les récoltes sont utilisées dans les écoles et dans les maisons. Le surplus est vendu sur les marchés locaux ou dans des restaurants locaux.
Le but est notamment de sensibiliser les enfants, pour les rendre attentifs sur l’importance de la protection de la biodiversité et de la nourriture saine. De plus, les personnes s’occupant des jardins pourront transmettre leur savoir et les valeurs des terres et de la protection de celle-ci.
L’Université des Sciences Gastronomiques, fondé par Slow Food
En 2004, Slow Food a fondé L’UNISG de Bra. Il s’agit d’une institution d’enseignement supérieur qui est reconnue par le ministère de l’Education italien mais aussi par l’Union Européenne.
Cette Université a pour but de former des étudiants, du monde entier. Au sein de cette université, les étudiants apprennent les pratiques de la gastronomie, mais avant tout, les méthodes d’agriculture, la protection de la biodiversité et l’environnement.
L’UNISG propose des diplômes de premier et de second cycle ainsi qu’un programme d’apprentissage appliqué d’excellence.
En conclusion, le mouvement Slow Food vise à réapprendre à bien manger et lutter contre la disparition des traditions culinaires ainsi que le désintérêt croissant de la population pour le goût, l’origine des produits et les conditions de production. Parallèlement, Slow Food se bat pour protéger la biodiversité, en nous montrant l’impact de nos propres choix alimentaires sur l’environnement. Le Slow Food organise de nombreux événements afin de promouvoir la culture locale et vous faire échanger avec les producteurs.
Cornélia,